Mes travaux
Puisqu'on m'appela Navré
J’ai passé la soirée avec vous. À écouter de la musique.
Nous avons mangé le gâteau de mon anniversaire.
Vous m’avez offert des cadeaux, qui m’ont plu.
Nous avons parlé longtemps.
Je suis resté jusqu’à vingt-deux heures.
À vingt-deux heures, j’ai dit “je vais manquer le dernier tram”.
À vingt-deux heures, je vous ai pris dans mes bras et j’ai remis mon manteau.
Je suis sorti de l’appartement.
J’ai marché jusqu’à l’arrêt de tramway.
J’ai attendu mon tramway.
Je me suis adossé à la vitre de l’arrêt et j’ai pleuré. Peut-être dix minutes, ou moins.
Mon tramway est arrivé. J’ai séché mes larmes et je suis entré.
Les portes du tramway se sont fermées derrière moi.
Le tramway m’a amené à dix minutes de mon appartement.
Je suis descendu du tramway.
J’ai sorti mes clés de ma poche.
J’ai entamé les dix minutes de marche jusqu’à mon appartement.
J’ai croisé un petit chat.
Je me suis agenouillé devant lui.
Je lui ai caressé la tête.
Je me suis relevé.
J’ai marché les cinq minutes de route restantes.
Je suis arrivé devant mon immeuble.
Je suis entré.
J’ai monté les marches jusqu’au premier étage.
Je suis arrivé devant l’appartement.
J’ai déverrouillé ma porte.
Je suis entré.
J’ai fermé derrière moi.
J’ai enlevé mes chaussures.
J’ai enlevé mon manteau.
J’ai posé les clés sur la table.
Je suis allé aux toilettes. (J’ai entendu dire que, lorsqu’on mourait, on se chiait et on se pissait dessus.) J’ai chié et j’ai pissé.
J’ai tiré la chasse.
Je me suis lavé les mains.
Je me suis brossé les dents. Pour aucune raison.
Je suis sorti des toilettes.
Je suis entré dans ma chambre.
J’ai pris une cigarette dans la poche de mon pantalon.
Je me suis mis entièrement nu.
J’ai ouvert ma fenêtre.
J’ai inspiré.
J’ai allumé la cigarette.
Je l’ai fumée à ma fenêtre.
Je l’ai jetée par la fenêtre.
J’ai expiré.
J’ai fermé ma fenêtre.
J’ai ouvert le tiroir de mon bureau.
Du tiroir, j’ai sorti mon revolver de service.
Et deux balles.
La deuxième, au cas où.
J’ai ouvert le barillet.
J’y ai mis les deux balles.
J’ai tiré en arrière le chien du revolver.
J’ai hésité.
J’ai senti la sueur couler le long de ma nuque.
J’ai frissonné.
J’ai appuyé le canon contre la région sous-mentonnière.
J’ai hésité.
J’ai décalé le canon.
Non. Je ne dois pas penser à vous, sinon c'est foutu.
J’ai inspiré.
J’ai repositionné le canon.
J’ai expiré.
J’ai compté dans ma tête.
1… 2… 3…
J’ai appuyé légèrement sur la détente. Pas assez pour faire partir le coup. Mais assez pour m’assurer que je n’allais pas renoncer.
J’ai compté dans ma tête.
3… 2… 1…
J’ai inspiré.
J’ai appuyé sur la détente.
Le bruit assourdissant du coup de feu m’a percé les tympans.
J’ai senti la balle déchirer la chair du menton.
J’ai senti la balle briser la mandibule.
J’ai senti la balle traverser la langue et casser les dents. L'impact a arraché la langue, mais, ça, je ne l’ai pas senti.
J’ai senti la balle briser l'os maxillaire.
J'ai senti la balle traverser les sinus, frôlant les orbites.
J'ai senti la balle exploser le cerveau.
J'ai senti la balle briser le sommet du crâne et déchirer la peau.
J'ai senti les poumons se vider d'air alors que j’expirais un dernier souffle.
Voilà comment, moi, Navré, suis mort.
Tobias M. Visse
LE PRINCE DU THÉÂTRE : Présentation de Richard Fontana
Richard Fontana est un comédien français né le premier juin 1951, à Saint-Pardoux-Isaac en Lot-et-Garonne, fils d’Antoine Fontana et d’Yvonne Zancanaro. Il suit très tôt un parcours théâtral rigoureux : arrivé à Paris, il fréquente les cours d’Alik Roussel vers le début des années 1970, et fait du café-théâtre avant d’entrer au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (d'abord dans la classe de Louis Seigner, puis d'Antoine Vitez).
Il débute ainsi sur les scènes du Théâtre des Quartiers d’Ivry (Phèdre de Racine, Catherine d’après Aragon) et du Jeune Théâtre National (Arlequin dans La Double Inconstance de Marivaux, L’Éveil du printemps de Wedekind), et joue en 1974 dans Hernani de Victor Hugo, par Hossein, où il incarne Don Matias (son premier rôle officiel).
Sa formation comprend aussi des rôles marquants hors Comédie-Française : sous la direction d’Antoine Vitez, il participe en 1978-1979 à la tétralogie moliéresque (L’École des femmes, Dom Juan, Tartuffe, Le Misanthrope) aux festivals d’Avignon et d’Automne. Il remporte son premier grand succès d’interprétation en 1980-81 au Petit Odéon en jouant la pièce-monologue La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, une performance qui lui vaut le Prix Gérard-Philipe de la Ville de Paris en 1981.
Carrière à la Comédie-Française
Engagé à la Comédie-Française, il y entre en décembre 1979 et en devient le le 472ᵉ sociétaire en 1983. Il y fait ses débuts dans Tartuffe de Molière (en tant que Valère) et joue ensuite différents rôles dans le répertoire classique, comme le Prince dans La Double Inconstance de Marivaux et Coelio dans Les Caprices de Marianne de Musset. Durant ses dernières années à la Comédie-Française, il atteint des rôles-titres : Polyeucte (Corneille), Néron (Racine), Sganarelle (Le Médecin malgré lui de Molière) ou encore Figaro (Le Mariage de Figaro de Beaumarchais).
De gauche à droite : Jean-Luc Boutté, Claude Matthieu, Jacques Toja, Richard Fontana et Francis Huster en 1979, alors que Fontana signe son contrat de pensionnaire.
Il participe aussi à des créations et reprises contemporaines : Hamlet de Shakespeare dans la mise en scène d’Antoine Vitez au Théâtre national de Chaillot (1983) – une version intégrale (5 heures) qui "fait événement" et révèle son talent tragique (Fontana est alors "un prince de Danemark fougueux, déchiré, sarcastique, suicidaire, irrésistible"). Il collabore avec les plus grands metteurs en scène français : Jorge Lavelli (La Vie est un songe d’après Calderón, où il crée le rôle de Sigismond, ainsi qu’Œdipe dans Greek de Berkoff), Klaus Michael Grüber (Bérénice de Racine où il joue Titus), Luca Ronconi (Le Marchand de Venise comme Shylock), Georges Lavaudant (Lorenzaccio comme Alexandre de Médicis), Antoine Vitez (Le Mariage de Figaro comme Figaro), Jacques Lassalle (La Fausse Suivante comme Lelio), etc. Son répertoire allie ainsi classicisme et drames modernes, où il se montre tout aussi à l’aise en comédie qu’en tragédie.
Cinéma et télévision
Bien qu'essentiellement présent au théâtre, Richard Fontana a aussi joué au cinéma et à la télévision. On le voit notamment dans le film Divine (1975, de Dominique Delouche), où il interprète Olivier. À la télévision, il apparaît de 1972 à 1982 dans plusieurs séries et téléfilms français : Les Boussardel (1972), 1788 (1978), La Peau de chagrin (1980, d’après Balzac), Noires sont les galaxies (1981) ou La Sorcière (1982), entre autres.
Richard Fontana en Horace Bianchon, dans La Peau de chagrin, 1980.
Style de jeu et réputation
Fontana s’est rapidement distingué par un jeu physique, énergique et intense. Selon un critique du Monde, "Richard Fontana était un acrobate, un sportif, un acteur physique, à la fois extériorisé et intense, inattendu". Cette exubérance vient du fait qu’il infuse ses rôles d’une grande vitalité : en 1984 Grüber exploite ainsi son timbre pour faire évoluer la voix de son Titus de Bérénice (d’abord "ténor sonore", puis "blanche, sans corps"). Un autre journal souligne qu’il excelle également dans les registres plus subtils : dans Le Songe d’une nuit d’été, il joue Puck avec légèreté et agilité, tandis que dans Polyeucte de Corneille il impose une présence "noble" et tourmentée. En somme, sa réputation auprès des pairs est celle d’un comédien complet, capable de passer du comique au tragique avec brio.
Richard Fontana a reçu le Prix Gérard-Philipe de la Ville de Paris en 1981 (Grand Prix de la Ville) pour saluer sa performance scénique précoce. La même année, le directeur général de la Comédie-Française propose sa nomination au statut de sociétaire, effective en 1983. Ces honneurs attestent de son impact rapide sur la vie théâtrale. Son apport se mesure aussi aux rôles qu’il a créés ou popularisés : par exemple, il fut l’un des premiers acteurs français à porter à la scène contemporaine La Nuit juste avant les forêts de Koltès (voix unique, 1980), ainsi qu’à introduire Greek de Steven Berkoff (Œdipe loubard) sur une scène parisienne. Après son décès, la Comédie-Française a même interrompu la représentation du Bal masqué de Lermontov par respect, attestant de l’estime dont il jouissait. Il reste dans les mémoires comme une vedette de la "Maison de Molière", qui a enrichi le théâtre français de ses incarnations passionnées.
Richard Fontana décède prématurément la nuit du 25 au 26 juin 1992 à l’hôpital Rothschild, dans le douzième arrondissement de Paris, "après une longue maladie" (probablement des suites du SIDA). Il était âgé de 41 ans. Son décès soudain provoque l’émotion du monde du théâtre, qui le surnommait "le prince du théâtre", avant de l'oublier (par le grand public en tout cas), lui qui l’avait pourtant tant acclamé. Aucun détail familial particulier n’est rapporté dans la presse : sa vie semble entièrement dédiée à la scène.
Sources :
Qui est Richard Fontana, l'oublié de la Comédie Française ?
Sans doute ne connaissez-vous pas Richard Fontana.
Moi-même, je ne le connaissais pas avant le 22 février 2025, jour où j’ai visionné pour la première fois La Peau de Chagrin, réalisé par Michel Favart, une adaptation du roman éponyme de Balzac en téléfilm, datant de 1980. Tout de suite, j’ai été happé par le jeu de l’homme qui incarnait Horace Bianchon et il m’en fallait plus.
J’ai commencé mes recherches sur Richard Antoine Fontana avec un simple allé sur Wikipédia, puisque ma curiosité pour ce comédien me paraissait anodine, simple. Pourtant, voilà que je faisais face au vide.
Oui, Fontana a bien une page Wikipédia, mais rien n’est précisé de sa vie, si ce n’est qu’il est né le 1ᵉʳ juin 1951 à Saint-Pardoux-Isaac, qu’il est mort le 26 juin 1992 à Paris, qu’il était sociétaire de la Comédie-Française et élève de Vitez, puis, sa filmographie et la liste de ses rôles sur scène. La page est une ébauche, la page ne parle que peu.
Je découvre tout de même que Fontana est mort à 41 ans, en 1992. La cause de mort n’est pas précisée. Tout de suite, j’ai pensé que l’on avait caché quelque chose. Pourquoi ne pas parler de la cause de sa mort ? L’absence suspecte d’informations sur son décès, mélangée à l’année qui ne me paraissait pas hasardeuse, me mettait sur une piste glissante.
Aucune information sur la cause de sa mort, si ce n’est qu’il serait mort après une “longue maladie”, selon plusieurs journaux, sans précision.
Enfin, je trouve le site “Les gens du cinéma”, qui a une base de données sur un nombre conséquent d’acteurs et d’actrices. Je cherche FONTANA Richard.
Et, soudainement, tout se confirme.
Le SIDA ?
Pour moi, depuis le début, il y avait une possibilité qui ne quittait pas mon esprit. Celle que Richard Fontana était mort du SIDA, comme des tonnes d’autres, et qu’on avait (comme on l’avait fait avec des “tonnes d’autres” avant et après lui) enterré la cause. Par honte ? Par censure ? Comment laisser passer ça ? Car, nous sommes bien en 2025. Les morts du SIDA ne devraient pas être oubliés ou censurés.
Et comment laisser les seuls articles sur sa mort l’appeler un “prince” du théâtre, tout en cachant ce genre de choses ?
Le théâtre, qui l’a acclamé, n’a presque rien gardé de lui.
Cette hypothèse s'est un peu plus solidifiée avec le programme de Bérénice, par Faustin Linyekula :
"J'ai choisi la cuirasse de Richard III, ou celle de Titus que portait Richard Fontana dans la mise en scène de Grüber. Le comédien lui-même est mort tragiquement du sida," dit le metteur en scène, à propos de son spectacle.
Mais, je ne pouvais pas juste m’appuyer sur un site et le programme de Bérénice. Il me fallait confirmer, ne pas faire de conclusions hâtives, être le plus respectueux possible, et, par là, je veux dire : donner à cet homme plus de respect qu’on ne lui donne en effaçant sa vie. Lui rendre un certain honneur, ne pas le laisser dans les limbes théâtraux de l’inconnu.
Je me suis donc rendu sur le site de la mairie de Paris. J’ai fait la demande d’une copie de l’acte de décès de monsieur Richard Fontana le 28 février 2025, et j’ai reçu le courrier le 13 mars 2025.
Cet acte de décès me donnait plusieurs informations non négligeables. Tout d’abord, il me confirmait que Fontana était bien décédé le 26 juin 1992 à l’hôpital Rothschild (qui avait bien un important service pour les malades du SIDA), comme l'indiquait le site. Mais il me donnait aussi l’information suivante : l’homme qui avait constaté sa mort était un certain Alain Cancès. Je décidai alors de faire quelques recherches sur cet homme, et je trouvai deux archives vidéos de l’INA qui attisèrent ma curiosité : “Le cancer des gays” et “1982 : la télévision française parle pour la première fois du sida”, deux sources étrangement liées à mes recherches. Cependant, impossible de savoir si ces deux Alain Cancès étaient la même personne ou non, et mes tentatives de contact sur Copains d’avant (je sais, un vrai travail de chercheur) se trouvaient vaines.
Je ne vais pas me laisser à abattre face à ces pistes en cul-de-sac. Cependant, je vais prendre mon temps pour lui faire honneur et, en attendant de trouver des réponses sûres à mes questions... J'ai rédigé une rapide biographie avec le peu d'information que j'ai.
Si vous avez des pistes, contactez-moi !
Création du pull Olivier Py
Idée du projet
J'ai eu l'envie de réaliser un pull à l'effigie d'Olivier Py lorsque j'avais commencé à réfléchir sur les designs des pulls sur mes pièces, pour mes amis. Tout de suite, cette idée m'a plu : réaliser un vêtement unique qui montrerait mon intérêt pour cet artiste !
Je me sui tourné vers le site Teamshirts pour la réalisation du sweat (n'ayant ni le matériel ni les compétences qui me permettraient de réaliser ce projet à la main), puisqu'il propose une impression sur les manches.
Design : des choix à faire
Dès le début du projet j'avais quelques certitudes : le sweat serait noir, il aurait "TABULA RASA" sur le(s) bras, un dessin devant, et une citation à l'arrière.
Maintenant, je devais décider...
Tabula Rasa
Si à l'origine je souhaitais imprimer "Tabula Rasa" (référence au chien concept dans les Illusions Comiques) sur les deux manches, j'ai rapidement abandonné cette idée. En effet, le faire sur les deux bras était beaucoup plus cher (et on frôlait le hors budget) et j'ai eu l'idée de garder une manche vierge pour une potentielle signature d'Olivier Py lui-même ! (Au posca blanc, que je repasserais ensuite à la javel.)
Citation dos
C'est sans doute ce choix qui fut le plus complexe... Choisir une citation ! Assez courte, afin qu'elle puisse être lisible sur un dos, assez compréhensible, assez "tout public" pour ne pas me faire détester des parents dans la rue... J'ai longtemps hésité entre choisir des citations des ENFANTS DE SATURNE ou des ILLUSIONS COMIQUES... Puis, j'ai pensé aux définitions du théâtre que l'on trouve (entre autres) à la fin des I.C.
En effet, ce sont (pour la plupart) des citations assez courtes, efficaces, et toujours très belles.
Le choix fut, à partir de là, très rapide.
J'ai relu, deux ou trois fois, ce passage de la pièce et, systématiquement, c'est sur la même phrase que je m'arrêtais... Pour la relire... Pour m'en imprégner.
"Le théâtre est cet amant d'un soir qui dit : 'oublie-moi, et je te serai rendu'."
Voilà, comme une évidence...
Dessin choisi
Dessin OP n°5 © Olivier Py / Festival d’Avignon
Résultat
Voilà le pull lorsque je l'ai reçu le 13 juin 2024 !
Photos publiées dans la story de mon compte instagram (respectivement le 14 et le 13 juin 2024)
Arrière du pull
"Pourquoi encore un homo... ?"
Au début de cette année 2025, j'ai présenté une pièce, En cherchant la Pervenche, au festival de mon université. Lors de l'audition, l'une des questions que le jury m'a posées était "pourquoi un couple homosexuel ?". C'était une question à laquelle je m'attendais, puisqu'on me l'a posée quelques centaines de fois au cours de ma vie, depuis que j'ai commencé à écrire plus sérieusement et à m'intéresser à la représentation homosexuelle dans mes œuvres. Elle ne m'a pas surpris. Pourtant, devons-nous réellement nous justifier ?
C'est vrai, non ? Pourquoi doit-on se justifier lorsqu'on crée des personnages homosexuels ? Doit-on avoir une raison profonde ? Et, s'il faut une raison, pourquoi ne pas questionner l'inverse ? On ne dit pas "pourquoi un couple hétérosexuel", non ? Non, puisque l’hétérosexualité est perçue comme neutre, naturelle, évidente. Être hétérosexuel, c'est ce qu'on considère comme la norme, la base. Alors, il faut forcément une raison lorsqu'on décide de s'en éloigner. Représenter la déviance est donc perçu comme un choix militant, qui cache une envie politique. Je ne vais pas dire que ce n'est pas politique ! Car tout l'est fondamentalement, et ce serait une erreur de prétendre le contraire... Cependant, il faut cesser de croire que ces représentations ne servent qu'à prouver quelque chose, à dénoncer, à servir une idée... Puisque, dans ce cas, le simple fait d’exister en dehors de ladite norme devient un acte suspect ou dérangeant, qu'on doit expliquer. Conséquences de la maladie qui gangrène encore (et toujours) la société actuelle : l'inconfort vis-à-vis de la diversité.
Comme cette question semble intéresser tous celleux qui se penchent sur les textes des "gens comme moi" : je crée des personnages homosexuels parce que je suis pédé, que j'aime profondément et passionnément les hommes et que je veux en parler. Non, je ne sers pas une idée militante par le seul choix de l'orientation de mes personnages (mes idées militantes se trouvent ailleurs dans mon verbe), et ce n'est pas avec cela que je veux choquer et provoquer. J'écris des invertis, parce que notre amour mérite d’exister sur scène, tout simplement.
Et si, vraiment, nous devons interroger la sexualité d’un personnage : je ne suis pas contre. Mais, pitié, faisons-le dans les deux sens. "Pourquoi parler d'un couple hétérosexuel ?", "Pourquoi ce choix ?".
Et je vous laisserai en vous disant ceci : la vraie liberté artistique est de pouvoir créer sans se justifier. Tout dans l'implicite, n'expliquer que si l'envie nous vient, et laisser le public réfléchir de lui-même.