Journal théâtral de Tobias M. Visse

Journal théâtral de Tobias M. Visse

Autoportrait

Je m’appelle Tobias. Mon prénom vient du grec et veut dire “Dieu est bon”. Je ne suis plus croyant, enfin, je ne sais pas. Je l’ai été de mon plein gré, mais j’aime beaucoup la théologie.
Je suis terriblement angoissé par le fait d’être en retard. Rester cinq minutes de plus à l’arrêt de bus me met mal à l’aise.
J’ai du mal à penser quand on me parle. Je dois toujours attendre une seconde au moins avant d’être sûr d’avoir compris ce qu’on me dit.
Je ne suis pas stupide, je ne le pense pas. Mais si je l’étais, m’en rendrais-je compte ?
Quand je rencontre quelqu’un, je commence souvent par ne pas l’aimer, et je verrai après.
Je m’arrête toujours lorsque je vois un chat dans la rue. S’il me fuit, j’y repense toute la journée.
Je suis obsédé par certaines personnes, certains artistes, certaines choses. J’en parle pendant des heures sans m’arrêter et les personnes que je côtoie — et ce même depuis peu — s’y habituent rapidement.
J’aime beaucoup La Cage aux Folles.
J’aime écrire, mais je n’aime pas qu’on me lise. J’ai honte.
Quand je réalise mes projets, j'en suis fier, mais avec le recul, je déteste tout ce que je fais, et je ne peux plus me les voir.
Je parle toujours de la guerre, du corps, du deuil et de la violence dans mes textes. Même en fond.
Je n’ai pas de “papa”, j’ai un père.
J’ai dix-sept ans, je suis toujours le plus jeune et je déteste ça.
J’ai arrêté de vivre quand j’avais neuf ans, mais je ne peux pas survivre sans théâtre.
Quand je travaille à la plonge, comme cet été, je ne peux pas manger le matin sans avoir la nausée. J’angoisse.
J’achète beaucoup trop de choses, juste pour le plaisir d’acheter.
Je ne suis jamais calme, tout tourne très vite à l’intérieur de mon crâne. J’ai peur de tout, tout le temps. J’ai peur des insectes. J’ai peur du noir. J’ai peur des ascenseurs. J’ai une peur extrême des estropiés. Je tente de m’en éloigner et j’en ai honte.
Je me mets en colère facilement.
J’ai trop conscience de mon existence dans l’espace, et j’aimerais être sans corps et sans forme.
Je n’aime pas parler de mes problèmes de vive voix.
Je suis, de ce qu’on m’a dit, illisible.
J’ai un équilibre désastreux, je tombe beaucoup, surtout dans les escaliers.
Je me blesse souvent, je me frappe aux murs et aux coins. Ma peau marque facilement, mais les cicatrices se font rares.
J’aime écouter de la musique dans les transports en commun. J’ai du mal à choisir un genre musical que je préfèrerais.
L’opéra me fascine.
Je parle français et anglais.
Je ne vais pas fréquemment vers les autres.
Je n’aime pas demander des informations dans les magasins.
Je n’aime pas être vulnérable.
Je n’aime pas quand on me pousse à faire quelque chose, et, même si je souhaitais le faire avant qu’on me le demande, je le refuserai.
J’aime dormir en boule.
Je ne mange presque jamais avant de partir pour la journée. Je mange sur place ou sur la route. Parfois je ne mange pas du tout.
J’aime m’habiller en rouge. J’aime porter des casquettes, mais je déteste les casquettes modernes. J’aime porter des marinières.
J’aime l’idée de fumer, mais je n’aime pas fumer. J’aime l’idée d’aimer, mais je suis maladroit en amour.
J’ai des migraines au moins une fois par jour.
Je suis parfois convaincu pendant des semaines que j’ai une maladie grave qui me tuera en un mois, ou que je vais perdre toutes mes dents en une nuit, ou que des gens veulent ma mort… pour une raison qui m’échappe.
Je préfère avoir trop froid que trop chaud.
Je suis souvent malade parce que je ne m’habille jamais comme la météo me l’ordonne.
Je ne supporte pas l’été.
Je saigne souvent du nez.
J’aime les masques et les photographier.
Ma pièce de Molière préférée est Le Malade Imaginaire, je me retrouve peut-être dans le protagoniste…
Mes auteurs favoris sont Olivier Py et Jean-Luc Lagarce.
Je ne passe pas un jour sans écouter au moins une fois Etienne Daho ou Philippe Katerine.
Je nomme chaque peluche que j’ai par un nom d’artiste que j’affectionne. Antonin pour Artaud, Etienne pour Daho…
J’ai toujours le sentiment d’être jugé.
J’aime réfléchir sur un sujet fixe.
J’aime beaucoup les fruits, mais je déteste la poire.
Je n’ai jamais pris l’avion.
J'accélère toujours le pas dans la rue, même si je ne suis pas pressé.
Pour moi, ce qui nous rend vivant est la douleur.
Je dessine beaucoup.
J’aime boire un café sur un balcon, le matin. Ou boire un verre, le soir.
Quand j’étais plus jeune — non pas que je sois vieux… — je n’aimais pas écrire en vers.
Maintenant, j’aime aussi travailler avec des contraintes.
Je n’aime pas le fait que ce texte ne soit pas organisé.



26/10/2024
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